Vécu des avortements à Ouagadougou : causes et conséquences socio-psychologiques

Abstract

L’avortement est répandu au Burkina Faso, particulièrement dans la ville de Ouagadougou. Pour connaître les causes et conséquences socio-psychologiques des avortements, nous avons réalisé une étude dans la dite ville. L’objectif de cette étude était de comprendre les causes des avortements et leurs conséquences socio-psychologiques sur les femmes puis proposer des ajustements sur les approches déjà opérationnelles. Au total, 32 entretiens individuels et une observation non participante ont été réalisés auprès des femmes qui ont eu un avortement dans le passé, leurs proches et des professionnels de la santé. Les résultats ont montré que les déterminants des avortements sont les relations illégitimes, les raisons d’ordre économiques, les grossesses trop rapprochées, le refus de paternité, le non-respect des clauses définies au début de la relation et les grossesses issues de relations occasionnelles sans aucun projet de mariage, ni d’enfant. Des perturbations liées aux modifications des relations entre les deux partenaires, entre les femmes ayant avorté et les membres de leur famille, puis des stigmatisations, violences et sanctions de la part des agents de santé ont été relevées. Plusieurs symptômes dépressifs ont été rapportés (regret, honte, douleurs morales, insomnies, crainte, incertitude par rapport à une future grossesse, sentiment de désespoir). Des sentiments de satisfaction ont été aussi relevés. Les effets néfastes sociaux et psychologiques des avortements sont considérables et nécessitent une prise en charge des femmes en tenant compte de leurs besoins. Il est de ce fait nécessaire de prévoir une prise en charge incluant les aspects médicaux, sociaux et psychologiques