L'entrée des jeunes dans la vie professionnelle à Dakar : moins d'attente et plus de précarité
Abstract
Le contexte, particulièrement, morose que traverse l’économie sénégalaise depuis la fin des années 1970, ne favorise plus comme par le passé, l’insertion des jeunes sur le marché de l’emploi. En effet, bien qu’il existe très peu d’études récentes sur l’emploi des jeunes à Dakar, il n’en demeure pas moins que les rares travaux qui existent dans ce domaine, font état des difficultés de plus en plus grandes que rencontreraient les nouvelles générations pour s’insérer dans la vie active, en particulier, à Dakar (Antoine & al., 1995 ; Bocquier, 1996). Par ailleurs, les études montrent, également, qu’en limitant les possibilités d’embauche aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé, les contraintes qui pèsent sur le secteur moderne entraîneraient un phénomène de repli des jeunes vers certaines activités économiques jugées peu rentables et instables du secteur informel (Antoine & al., 2001). Dés lors, le secteur informel deviendrait, actuellement, pour les jeunes sénégalais, l’expression des nouvelles stratégies d’insertion professionnelle. Cette situation a d’importantes consequences dans la vie des jeunes. En effet, du fait des difficultés de plus en plus grandes qu’ils rencontrent pour se réaliser professionnellement, les jeunes se trouvent de plus en plus contraints de rester plus longtemps dans le domicile familial et se marient de plus en plus tardivement (Galland, 1990). Ainsi, si les jeunes garçons qui sortent précocement du système scolaire se lancent presque aussitôt dans le monde du travail par l’apprentissage d’un métier dans le secteur informel, les filles, quand à elles, restent de plus en plus longtemps dans la sphère familiale et domestique où elles s’occupent des tâches ménagères en attendant un éventuel mariage. Pour les jeunes ayant terminé leurs études, entre la fin de celles-ci et l'entrée dans la vie professionnelle, s’ouvre, de plus en plus, une très longue période de recherché d’emploi, de chômage ou de stage. Dans ce cadre, pour mieux appréhender le vécub des jeunes à Dakar en particulier, il semble important d’identifier la situation des jeunes par rapport à l’emploi. L’étude dans une telle perspective porte sur l’analyse des modifications de la chance d’entrée dans la vie professionnelle à Dakar, liées aux déterminants démographiques et socio-économiques du parcours de la vie et à la conjoncture économique traversée. Pour ce faire, l’entrée dans la vie active a été essentiellement envisagée dans l’étude sous l’angle de l’accès à un premier emploi et définie comme le moment de la vie où l’individu accède pour la première fois à un emploi rémunéré. Les analyses descriptives effectuées dans ce cadre, montrent que du fait de la crise que traverse, actuellement, l’économie sénégalaise et ses conséquences sur le marché de l’emploi, tout se passe comme si à défaut de trouver "mieux" c'est à dire un emploi correspondant à leur profil et à leur niveau de formation, les jeunes dakarois n'ont plus d'autres alternatives que de choisir le premier emploi qui se présente à eux quelque que soit, par ailleurs, la qualité et la nature de cet emploi. Autrement dit, du faitde la baisse continue de l'offre d'emploi, les jeunes dakarois se trouvent de plus en plus obligésde s'adapter aux nouvelles réalités du marché de l'emploi en devenant "moins regardant"quand à la qualité des emplois qu'ils exercent lors de leur première insertion. Cette adaptationpasse par l'occupation d'emplois plus précaires et une plus grande mobilité professionnelle. L'occupation de ces emplois, principalement exercés par les jeunes, est devenue au cours deces dernières années, pour la grande majorité des jeunes dakarois, un passage quasi-obligépour s'insérer dans la vie professionnelle à Dakar et apparaît de ce fait comme une issuecontre le chômage.Downloads
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