Développement local, pauvreté et pratique contraceptive en Côte d’Ivoire
Abstract
La Côte d’Ivoire fait partie des pays d’Afrique subsaharienne n’ayant pas connu de politique de planification familiale jusqu’à la fin des années 1990. En revanche, une baisse de la fécondité peut être constatée depuis les années 1980, baisse qui s’articule avec une certaine progression de la prévalence contraceptive. Ce début de transition de la fécondité, qui se développe avec de fortes distinctions selon les milieux de résidence et les niveaux d’instruction, s’opère sous l’effet conjugué des facteurs de modernisation (urbanisation, développement de l’éducation et des services de santé, amélioration du statut de la femme, baisse de la mortalité des enfants, etc.). Mais cette transition s’inscrit également dans un contexte d’accroissement des contraintes économiques s’exerçant sur les ménages et les individus, de paupérisation et de précarité croissante de certaines couches de la population. En utilisant les données de l’EDS de 1994 et un modèle d’analyse multi niveau, cet article étudie la pratique contraceptive en Côte d’Ivoire en vue d’identifier les facteurs individuels et contextuels explicatifs du recours aux méthodes de contraception, modernes d’un coté, naturelles et traditionnelles de l’autre. Les questions suivantes sont explorées dans le texte : les différences socio-économiques locales et individuelles, et notamment la pauvreté inégalement répartie des conditions de vie, influencent-elles l’usage de la contraception ? Les différences d’accessibilité aux services de planification familiale, selon le secteur de résidence, contribuent-elles à la distinction des prévalences contraceptives ? Quels sont les effets des interactions entre l’éducation et les variables des contextes régionaux et locaux sur la pratique contraceptive ? L’analyse multivariée, utilisée dans cette étude, permet de répondre à ces différentes questions parce qu’elle met en évidence la variation de la pratique contraceptive entre les milieux et les facteurs individuels et contextuels intervenant à l’intérieur de chacun d’eux. Concernant les facteurs individuels, l’importance de l’instruction de la femme, et dans une moindre mesure de son conjoint qui est généralement son chef de ménage, est démontrée ; concernant les facteurs du ménage et du contexte local, l’effet primordial du niveau de vie est mis en valeur. L’ensemble des résultats confirme l’association de la pauvreté humaine, caractérisée dans l’étude par un faible niveau d’instruction et des conditions de vie familiale et locale précaires, avec la faible pratique contraceptiveDownloads
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